Bon à savoir : les alevinages correspondent aux déversements de juvéniles et les empoissonnements sont des introductions de poissons adultes.
Au sein des pêcheurs d’aujourd’hui, une frange non négligeable, que l’on qualifiera de pêcheurs « grand public » souhaitent prendre un nombre important de poissons lors de leurs sorties de pêche. C’est particulièrement vrai pour les pêcheurs qui recherchent la truite fario dans nos petits cours d’eau en début de saison. Si l’on ajoute à cela une pression de pêche très forte à ce constat, les associations n’ont pas d’autre choix que d’effectuer des déversements de truites importants qui dépassent souvent les capacités d’accueil du milieu.
Qualifié de « surdensitaire », ce type de rempoissonnent répond clairement à un objectif de gestion halieutique, pour satisfaire une demande de la part des pêcheurs. On estime que dans les quelques semaines qui suivent ce rempoissonnement, 50% des individus seront repris. Pour autant ces empoissonnements en truites d’élevage ne sont pas sans risques pour les populations de truites sauvages présentes dans nos cours d’eau. Des croisements génétiques avec ces peuplements sont toujours possibles et peuvent entrainer à terme la perte de la souche autochtone. Elles rentrent également en compétition directe avec les individus autochtones pour ce qui est de l'alimentation et de l'habitat.
Chaque alevinage nécessite donc une réflexion propre et des objectifs déterminés à l’avance.
Plusieurs objectifs peuvent justifier cette pratique. Les buts recherchés peuvent être différents suivant la nature du cours d’eau, sa morphologie, son classement piscicole, la pression de pêche exercée sur le milieu, et d’une manière plus générale, en fonction des contextes piscicoles. La méthode diffère encore en fonction des notions de gestion que l’on souhaite développer.
En théorie rien ne les oppose; Le gestionnaire prendra les mesures nécessaires afin de concilier la demande des pêcheurs avec les potentialités et les sensibilités des cours d’eau sur son territoire. Une gestion halieutique adaptée donnera satisfaction aux pêcheurs désireux de prendre plus facilement des poissons. A contrario, une gestion piscicole patrimoniale pourra satisfaire les pêcheurs recherchant non pas le nombre, mais plutôt un poisson « sauvage » (poisson né de parents eux-mêmes nés dans la rivière) et parfaitement acclimaté à son milieu naturel.
Lors d’un déversement de truites surdensitaires dans le cadre d’une gestion halieutique, on veillera tout particulièrement :
Dans le cadre d’une gestion piscicole pour la mise en valeur d’un cours d’eau, plusieurs méthodes peuvent être employées : La première consiste à introduire des géniteurs de l’espèce recherchée pour que la reproduction naturelle puisse s’effectuer directement dans le cours d’eau. Pour cela, il convient de s’assurer que le cours d’eau répond bien à l’ensemble des exigences du cycle de vie de l’espèce en matière de reproduction, croissance, et migration. La quantité de poissons déversée sera alors fonction de la capacité d’accueil du milieu, et de son potentiel reproductif (surface de frayères notamment). La sélection naturelle pourra ainsi s'effectuer depuis les tous premiers stades de développement. La deuxième méthode, consiste à déverser des alevins de l’espèce voulue. Les quantités déversées seront alors fonction de la capacité d’accueil du milieu, en clair son aptitude à fournir des caches et des postes individuels. Dans cette hypothèse, ne pas perdre de vue que les alevins seront soumis à la dure loi de sélection naturelle et que seulement 10% d’entre eux environ atteindront l’âge adulte après 2 ans et demi de croissance.
Au regard de l’importance des parcours de pêche du Groupement (60 km de rivière et 50Ha de plans d’eau), les déversements restent très raisonnables pour les cyprinidés en général et le carnassier (essentiellement le brochet). Ils sont très importants pour les salmonidés.
Au niveau du Groupement, une étude réalisée par nos soins chiffrait le coût total de ces déversements à 21.188 € pour l’année 2011. Le produit net (part revenant aux AAPPMA) de la vente des cartes de pêche est de 24.217 €.
Au final, c’est donc 87,50 % des avoirs laissés par les pêcheurs avec l’achat de leur carte de pêche qui est consacré aux déversements !
Si l’on considère que les valeurs communément admises par hectare et par an sont les suivantes : 35 kg de gardons, 5kg de carpes (pour son implantation), et 5 kg de tanches, les empoissonnements effectués par le Groupement sont tout à fait corrects. Pour les salmonidés, on estime généralement les besoins à 1 / 1,2 kg de truites surdensitaires par pêcheur. Avec un peu plus de 1100 membres actifs, pour 1680 kg de truites déversées, le ratio s’établit à 1,5 kg de truites par pêcheur. C’est bon pour le pêcheur, beaucoup moins pour les associations qui doivent encore régler les autres dépenses statutaires, et prévoir les investissements indispensables pour assurer l’avenir.
Au niveau du Groupement, le coût total de ces rempoissonnements s’établit à 17.184 € pour l’année 2019. Le produit net (part revenant aux AAPPMA) de la vente des cartes de pêche est de 33. 395 €.
Au final, c’est donc 51,46 % des avoirs laissés par les pêcheurs avec l’achat de leur carte de pêche qui est consacré aux déversements !